Les puissances de l'indirect : traduire et enseigner l'esthétique contemporaine en Grèce

1Une fois admis que les champs de l’épistémologie, de l’histoire des sciences, de l’éthique, de la philosophie politique, de l’histoire de la philosophie (notamment antique, moderne et contemporaine) ont conquis progressivement leur lieu d’expression universitaire en Grèce, pourrait-t-on en dire autant eu égard au domaine, plus diffus et, par conséquent, plus problématique, du discours esthétique ? Quelle pourrait être, par ailleurs, la contribution spécifique de ce discours à la consolidation d’une communauté philosophique vivante ?

2Notons, d’entrée de jeu, la pléthore des fragments d’esthétique en Grèce tout au long du xxe siècle. Nombreux ont été, en effet, les écrivains, les poètes, les artistes et les critiques de tous bords, en d’autres termes, nombreuses ont été les voies indirectes qui ont pu servir de courroie de transmission à la diffusion d’idées esthétiques au sens large du terme : une diffusion, selon le cas, d’idées modernistes, antimodernistes ou postmodernes, véhiculant des notions ou des arguments tirés du vocabulaire ou du style de pensée platonicien, aristotélicien, néo-platonicien, spiritualiste, symboliste, marxiste, néo-kantien, surréaliste, expressionniste, psychanalytique, sociologique, existentialiste, heideggerien, néo-orthodoxe ou derridien. Si l’on cherche, parallèlement, ce qui a pu alimenter l’esprit d’un public (philosophes, historiens et critiques d’art, artistes) avide en matière de théories plus ou moins systématiques de l’esthétique, force est de constater que certains ouvrages [1] ont servi d’une manière plus constante de point d’initiation, de même que quelques manuels d’histoire de l’esthétique traduits [2].

3Or, ce qui ressort de l’examen rétrospectif de ces textes critiques, historiques ou systématiques, qui ont certainement joué un rôle formateur au sein d’une société longtemps traversée par de graves conflits idéologiques et politiques, c’est un certain nombre de problèmes relatifs au statut du discours esthétique en général : qu’en est-il de ce statut dans un contexte qualifié par l’impossibilité de pouvoir entrer en contact (salles d’exposition, salles de concert, traductions fiables) avec les œuvres d’art (picturales, musicales, littéraires) servant de points de référence, et quels sont ses rapports avec les notions fondamentales fournies au fur et à mesure par la théorie de l’art et de la littérature ? D’autre part, vu les changements importants survenus dans la pratique et l’attitude des artistes [3] et des écrivains tout au long du xxe siècle, dans quelle mesure peut-on encore qualifier ce genre de discours de « systématique », relevant d’un système « pur » des Beaux-Arts ; ou bien, inversement, dans quelle mesure doit-on le considérer comme une discipline « appliquée », comme un arrière-petit-fils des sciences dites morales, se constituant à partir des apports de la psychologie, de la sociologie ou des sciences cognitives ; ou encore, en quel sens ce discours permet-il d’éclairer la portée de certaines « expériences fondamentales de la pensée » produites par la littérature et l’art, auquel cas il serait permis de parler d’une « substantivation » de l’esthétique ?

4Cet inventaire sommaire de l’état des lieux précédant l’émergence d’une conjoncture nouvelle et, pensons-nous, plus favorable à la diffusion de l’activité philosophique, nous paraît désigner, comme en creux, la tâche de cartographier le paysage de l’esthétique contemporaine, de proposer une analyse spectrale et, dans la mesure du possible, une version nouvelle des enjeux de la théorie de l’art, de la littérature et de l’esthétique au xxe siècle, ainsi que de relier ces enjeux à la longue durée de la problématique philosophique [4].

5Faute de pouvoir affronter tous ces problèmes à la fois, nous devons sans cesse, sous peine de ne pas enclencher la dynamique souhaitée, hiérarchiser et choisir, en adoptant de proche en proche une stratégie à la fois critique et expérimentale, une stratégie qui sera ici qualifiée en termes de stratégie de l’indirect, et dont les pensées exposées par la suite présentent une esquisse.

6Partons de la constatation suivante : dans la mesure où les institutions scolaires et universitaires de notre pays ne sont pas dotées de mécanismes puissants, propres à soutenir le travail de la philosophie, l’image ordinaire de cette discipline reste entachée de préjugés idéalistes, éclectiques, historicistes, ou idéologiques. Or, il nous semble que le meilleur guide en vue de briser une certaine image traditionnelle de la philosophie, en vue d’en proposer une autre, liée à l’activité de la pensée, en s’efforçant notamment de rendre explicite la logique sous-jacente aux textes examinés, c’est de se « colleter avec la réalité » du travail de traduction : cette réalité, abordée progressivement à l’occasion de la préparation d’une nouvelle édition du roman de Proust en grec [5], comporte en effet plusieurs dimensions, qui sont solidairement politiques et philosophiques : un besoin pressant de la part du public de pouvoir accéder aux textes eux-mêmes, sans l’intermédiaire de commentateurs « qualifiés », un certain état du développement de la langue démotique (vernaculaire), ainsi qu’un objectif se rapportant à la formation et à la consolidation de la jeune communauté des philosophes grecs.

7De manière générale, il nous a toujours paru que la meilleure façon de reconstruire un paysage notionnel est celle d’un retour raisonné aux textes eux-mêmes, et, vu la quasi-indisponibilité de ces textes – qu’ils soient classiques [6] ou contemporains [7] – jusqu’à un passé assez récent, de la traduction de ces textes. Il va de soi que, si notre stratégie de l’indirect veut être efficace, elle s’accomplira forcément de manière lente, car le choix se portera toujours sur des textes exigeants et fortement individualisés, donc sur des singularités qui nous forcent à repenser l’ensemble des problèmes de la traduction sous les régulations successives de la phronèsis, du conatus et du travail de l’expression.

8Cette lenteur dans l’accomplissement est d’ailleurs liée à la dimension cruciale de l’énonciatif : s’il paraît désormais nécessaire de cultiver la langue démotique dans une direction qui ne soit plus liée uniquement, comme dans sa théorisation dans un contexte romantique, à la dimension de l’oral ou du « populaire », il faudra la concevoir comme effectuant jusqu’au bout ses propres opérations énonciatives, en générant, en d’autres termes, comme ce fut le cas avec les autres langues vernaculaires [8], une langue philosophique opérante et féconde, liée aux enjeux de la modernité. On comprend mieux alors en quel sens se pose en priorité la confrontation, moyennant le processus de traduction de textes littéraires et philosophiques, avec les langues principales de la philosophie moderne (notamment l’allemand, l’anglais et le français) : il s’agit, sur arrière-fond d’une comparaison des divers modes d’énonciation et d’argumentation de la philosophie moderne, de pouvoir envisager la possibilité, pour la langue vernaculaire ainsi reconçue et, pour ainsi dire, « virtualisée », d’un retour détaché et réfléchi sur ses propres sources [9].

9D’autre part, l’intérêt que présente cette stratégie de l’indirect ne concerne pas uniquement le droit des lecteurs à pouvoir juger par eux-mêmes des arguments avancés de part et d’autre. Elle s’inscrit, en effet, dans un cadre plus large, dans la mesure où elle nous permet de combattre l’esprit du provincialisme philosophique, entendu ici non pas au sens d’une réduction du débat international aux harmoniques d’une tradition philosophique nationale, mais au sens – inverse – d’une reproduction pure et simple de l’héritage culturel et du mode d’argumentation acquis ailleurs, que ce soit en Allemagne, aux États-Unis, en France, en Grande-Bretagne ou en Italie.

10On comprendra, par ailleurs, que cette présentation raisonnée des différents courants de la pensée contemporaine n’implique aucun angélisme philosophique. Cet effort d’objectivation des problématiques en question crée les bases véritables de la confrontation critique, condition sine qua non de la formation d’une communauté philosophique vivante, en nous permettant en outre de dresser en quelque sorte des transversales entre des courants de pensée considérés souvent comme mutuellement exclusifs [10].

11En ce sens, on pourra avancer que, d’autant mieux nous traduisons d’une manière qui s’affine au fur et à mesure, en rendant manifestes, au sein de la langue d’arrivée, les traces des opérations énonciatives de la langue de départ, d’autant mieux nous sommes en mesure de cibler ce qui nous paraît, à chaque fois, essentiel, quant à la transmission du contenu notionnel et argumentatif de la théorie abordée, et, par conséquent, quant au contenu même de notre enseignement.

12Or, si l’on procède de cette manière, rien ne nous interdit d’étendre au fur et à mesure le champ de nos questionnements soit vers une esthétique « théorique », soit vers une esthétique « appliquée », soit vers une esthétique « substantivée », c’est-à-dire en direction ou bien d’analyses conceptuelles, ou bien des notions qui exigent un traitement interdisciplinaire (sciences de l’homme et, plus particulièrement, théorie de l’art et de la littérature), ou encore des œuvres d’art dans ce qui constitue leur singularité : aux concepts traditionnels de la mimesis, de la katharsis, du goût, du sublime, de la réfléxivité, de l’imagination, de la représentation et de l’expression, on pourra, par exemple, faire adjoindre des analyses conceptuelles concernant le sehen als chez Wittgenstein et le seeing-in chez Wollheim, l’institution, l’entrelacs et le chiasme chez Merleau-Ponty ou la Figure chez Lyotard ; d’autre part, en essayant de penser le rôle qu’a joué la recherche du « formel » tout au long du xxe siècle, il n’est pas exclu de se poser des questions à propos du Kunstwollen chez Riegl, de la significant form chez Clive Bell, du Pathosformel et du Denkraum chez Warburg, avant d’aborder la question plus générale de l’influence souterraine des œuvres de Benjamin, de Wittgenstein et de Merleau-Ponty sur la formation des grands courants de l’esthétique contemporaine ; enfin, en adoptant une vision plus rapprochée, mais aussi exigeante philosophiquement, on se posera un certain nombre de questions sur la fonction du style et du Temps retrouvé chez Proust, ou sur la fonction de l’essai et de l’autre condition chez Musil, questionnement qui pourra s’élargir en direction de Valéry, de Beckett, de Borges, de Kavafis, ou de Pessoa, en renforçant de cette manière les liens entre les contributions réciproques de la philosophie et de la littérature [11], ou bien de la philosophie et de l’art.

13Pour résumer : la pratique de notre enseignement de l’esthétique philosophique, qui s’adresse par la force des choses à des publics variés (philosophes, historiens d’art, artistes, traducteurs) devra respecter une certaine différence dans les niveaux d’approche. C’est dire qu’elle ne peut pas s’élaborer dans l’abstrait mais doit s’expérimenter au contact des pratiques théoriques, littéraires et artistiques connexes, faisant de notre activité philosophique le résultat d’une construction patiemment élaborée dans les ateliers de la lecture, de la traduction et de l’enseignement de textes littéraires, artistiques et philosophiques. Elle doit parallèlement essayer de tracer une voie loin des chemins battus de la « pédagogie » ou de la « direction des consciences », dans la mesure où la fonction de l’enseignement ne peut être entendue en toute rigueur que comme une propédeutique à ce qui pourra advenir, en suivant ses propres harmoniques et conflits.

14Nombreux sont, par ailleurs, les enseignants philosophes qui posent sous forme de dilemme existentiel la question du poids respectif de leurs différentes activités, en nous demandant de trancher, en quelque sorte, entre enseigner et faire œuvre de philosophie. Néanmoins, il nous semble que si la stratégie de l’indirect esquissée ci-dessus est suivie en conséquence, le problème en question n’apparaîtra plus sous forme de dilemme, et l’expérience acquise moyennant les pratiques de la traduction et de l’enseignement, ainsi conçus, pourra utilement servir de base au travail proprement créateur du philosophe. Car, en visant sans cesse le rapport différencié aux pratiques artistiques, le discours esthétique fait mieux apparaître la dimension expérimentale du « en train de », du « se faisant » dans le travail de la pensée : en dernière analyse, le domaine de l’esthétique relève des puissances de l’indirect, et pratiquer avec une certaine rigueur conceptuelle ses différents niveaux, c’est sans doute se placer au seuil de l’activité productive du philosophe, en y décelant les traces d’une curiosité déjà cognitive.

Notes

  • [1]
    Voir notamment L’Architecture comme un art (1940, nombreuses rééditions), Théorèmes esthétiques (3 vol., 1962-1972) de Panagiotis Michelis (1903-1969), l’Esthétique (1948, réédité en 2003) de Evangelos Papanoutsos (1900-1982), ainsi que Thèmes d’esthétique et de philosophie de l’art (1985) de Georges Mourelos (1912-1994). Ces œuvres s’établissent sur arrière-fond, respectivement, des contributions de la théorie et de l’histoire de l’art du monde germanophone des premières décennies du xxe siècle, des apports de la pensée esthétique néo-kantienne ou néo-aristotélicienne, des intuitions théoriques fournies par la tradition bergsonienne, psycho-sociologique et « poïétique » française. Il n’en demeure pas moins qu’on reste stupéfait pour cette raison devant l’absence d’initiatives en vue d’une traduction d’ouvrages aussi fondamentaux que la Critique du jugement, les Leçons sur l’esthétique ou Matière et mémoire (ouvrage non encore traduit, à l’heure actuelle), ou le travail des théoriciens de l’art, tels que Riegl, Wöllflin, Warburg, Wind ou Panofsky.
  • [2]
    Dont Aesthetics from Classical Greece to the Present. A Short History (1966) de Monroe C. Beardsley, traduit en 1989 par les soins de Pavlos Christodoulidis, quand émerge une première vague d’intérêt envers les apports de la pensée esthétique anglo-saxonne, parallèlement à ceux de la pensée française (Foucault, Deleuze, Lyotard, Derrida) et allemande (Walter Benjamin et école de Francfort).
  • [3]
    Sur le parcours des artistes en Grèce, cf. Denys Zacharopoulos « L’avant-garde. Un point de vue sur l’art en Grèce pendant la deuxième moitié du xxe siècle » (en grec), en guise de postface au catalogue de la collection Beltsios édité par ses soins, Futura, Athènes, 2003.
  • [4]
    Nous avons conçu ce projet d’initiation aux questions de l’esthétique contemporaine comme un triptyque, dont les deux premiers volets sont déjà parus : cf. la traduction de l’ouvrage de J.-P. Cometti, J. Morizot, R. Pouivet, Questions d’esthétique, avec une postface (« Propédeutique esthétique ») de Panagiotis Poulos, Nissos, Athènes, 2005, ainsi que Notions d’art au xxe siècle. Une anthologie critique, textes de A. Riegl, A. Warburg, M. Proust, R. Musil, P. Valéry, M. Merleau-Ponty, J. Stolnitz, G. Dickie, A. C. Danto, N. Goodman, M. Dufrenne, G. Deleuze, R. Wollheim, P. Bourdieu, H. Belting, précédés d’une introduction (« Théorie de l’art, littérature et recherches esthétiques au xxe siècle ») de Panagiotis Poulos, Presses de l’École Supérieure des Beaux-Arts, Athènes, 2006. Le troisième volet, un ouvrage collectif intitulé Les Philosophes et l’art, est en voie de gestation : il portera sur la longue durée des rapports entre la philosophie et l’art (de Platon à nos jours).
  • [5]
    M. Proust, Anazitontas ton chameno chrono, 5 vol. parus, traduction de Pavlos Zannas et Panagiotis Poulos, édition établie sous la direction de Panagiotis Poulos, Hestia, Athènes, 1998-2004. Quant à la réception de l’œuvre, cf. le volume dirigé par Panagiotis Poulos et Lizy Tsirimokou, Études sur Proust, contenant de textes de T.W. Adorno, Gérard Genette, Paul de Man, Roland Barthes, Paul Ricœur, Vincent Descombes, Malcolm Bowie (Hestia, Athènes, à paraître en 2006), les études respectives de Walter Benjamin et de Gilles Deleuze étant par ailleurs disponibles en grec depuis les années 80.
  • [6]
    Ainsi, ont paru récemment en traduction l’Introduction à l’esthétique et L’Esthétique de la musique de Hegel (2000 et 2002), Sur l’essence du rire de Baudelaire (2000), Monsieur Teste et Introduction à la méthode de Léonard de Vinci de Paul Valéry (1995 et 2004), les Gedanken über die Nachahmung der griechischen Werke… de J.J. Winckelmann (2001), la Kritik der Urteilskraft de Kant (2002), un recueil de textes esthétiques de Diderot (2003), Vom Musikalisch-Schönen de Eduard Hanslick (2003), Kallias oder Über die Schönheit de Friedrich Schiller (2005). Notons par ailleurs de nouvelles traductions commentées de l’Ion et de la République de Platon (2002 et 2004), ainsi que d’ouvrages de Nietzsche et d’études (Deleuze, Foucault, Gadamer, Adorno, Horkheimer, Nehamas) portant sur son œuvre. Il faudrait également signaler ici l’édition/traduction annotée et commentée par Pavlos Kalligas, des Énnéades de Plotin, 4 vol. parus, 1991-2004.
  • [7]
    On peut mentionner la publication de la Théorie esthétique de Adorno (2000), de Regarder Écouter Lire (2000) de Claude Lévi-Strauss, de Ceci n’est pas une pipe et de La Peinture de Manet de Michel Foucault (1998 et 2004), d’un recueil contenant toutes les remarques de Wittgenstein relatives à l’art et l’esthétique (2002) sous la direction de Kostis Kovaios, d’ouvrages de Pierre Bourdieu, dont La Distinction (2002) et Les Règles de l’art (2006) sous la direction de Nikos Panagiotopoulos, de Signes et d’Éloge de la philosophie de Maurice Merleau-Ponty, (2005), de la Transfiguration du banal d’Arthur Danto (2004), de la « Mythologie blanche » de Jacques Derrida (2004) et des Langages de l’art de Nelson Goodman (2005). Signalons aussi la création récente d’une collection d’ouvrages d’esthétique (« Aesthetica »), dirigée par Dionysis Kavathas (textes de W. Flusser, P. Klossowski, G. Simmel, J. Ritter, E. Gombrich).
  • [8]
    Cf. sur ce point, Melita Stavrou et Maria Tzevelekou, « L’évolution de la langue : homéostase et altérité » (en grec), préface à la traduction de l’étude de G. Horrocks, Greek. A History of the Language and its Speakers, Hestia, Athènes, 2006. Comme dans le cas de la formation des autres langues vernaculaires, il est vain de vouloir « plaquer » sa dynamique, qui est celle de la modernité, sur les opérations énonciatives de la langue grecque classique. Cf. a contrario, le point de vue exprimé par Lambros Couloubaritsis, « Grec » in B. Cassin, Vocabulaire européen des philosophies, Seuil/Le Robert, 2004, p. 526-540, point de vue qui nous paraît résumer le sentiment spontané d’une grande partie du corps des philologues enseignants du grec ancien.
  • [9]
    Cf. le volume collectif édité par nos soins autour de la notion de construction : Peri kataskevis, topika ?’, série périodique éditée par la Société pour l’étude des sciences de l’homme, Athènes, Nissos, 1996. Nous avions choisi, à titre d’« éléments » (au sens de D’Alembert), c’est-à-dire de préliminaires à la discussion de la notion de construction, des textes de Freud, de Georges Canguilhem, de Carlo Ginzburg, de Richard Wollheim, d’Antoine Culioli. L’emploi du mot « kataskevi » (construction en grec moderne), s’y substituant à la « poiitiki techni » des Grecs anciens, notifiait la distance par rapport à la problématique ancienne, tandis que l’emploi de « peri » signalait, d’une certaine manière, la nécessité d’un rapprochement.
  • [10]
    À titre d’exemple, on se permettra de renvoyer à notre contribution (« La notion de “voir-dans” et la constitution de l’esthétique philosophique de Richard Wollheim ») au colloque Esthétique et art : approches interdisciplinaires, qui s’est déroulé, en mémoire de Panagiotis et Efi Michelis, à l’Université de Crète en novembre 2005, et dont les actes vont paraître dans les Annales d’esthétique : nous tentons, en effet, de montrer que l’abandon, par Richard Wollheim, de la problématique wittgensteinienne du « voir comme » en faveur du « voir-dans » relève d’une prise en compte critique de quelques remarques relatives au travail du peintre émises par Maurice Merleau-Ponty dans son essai Le Langage indirect et les voix du silence.
  • [11]
    Cf. en ce sens Panagiotis Poulos, « Vérité et réflexivité : de Spinoza à Proust et retour » (en grec), numéro spécial de la revue Axiologika sur Spinoza sous la direction de Vassiliki Grigoropoulou et Aris Stilianou, Exandas, Athènes, 2002, p. 229-254.