…Où qu’il soit
1 Pour le dixième anniversaire de Jacques Derrida, nous avons organisé, Carlos Lobo et moi-même un colloque intitulé « Penser avec Derrida… ». Ce colloque a eu lieu en décembre 2014 à l’Abbaye d’Ardenne à Caen, au siège de l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC). La correspondance de Derrida ainsi que beaucoup de ses archives y sont conservées. J’avais travaillé moi-même au siège de l’IMEC à Paris afin de classer la correspondance de Derrida, travail inachevé, car la correspondance comportait des milliers et des milliers de lettres. J’ai pu classer des lettres de la fin des années quarante jusqu’aux années soixante-dix.
2 Des amis de Derrida sont venus de partout dans le monde pour partager ensemble une réflexion à la fois sur l’œuvre de Derrida et son avenir. Ce numéro spécial de Rue Descartes publie certaines des contributions du colloque et d’autres textes que j’ai sollicités auprès de quelques participants au colloque mais aussi d’autres chercheurs qui nous ont fait l’honneur et le plaisir d’accepter de participer à ce numéro spécial de Rue Descartes. Je voudrais leur dire ici toute ma reconnaissance. Je tiens aussi à remercier Élisabeth Lemirre qui a fait un travail de relecture double ainsi que Claire Pagès qui, en tant que responsable de la revue Rue Descartes, a, pour sa part, coordonné l’édition de ce numéro.
3 Lors de la journée de commémoration que le Ciph a organisée à la Maison de la poésie le 10 décembre 2014, j’ai lu des extraits de mon livre Al Haschich, dont l’extrait ci-dessous :
DésertBlanc dresséNoir en pyramideEt tête contre terreVoyonsLe vent tisse le voileRepousse les voixà la minute serrée de la mémoireHoratiode bain en bainse croisent les mainsse donne la naissancese donne la mortlimpia a eu lieuau départgaresCampecheCornellLyon en orvestiges bleusCouronne ma vuede la galaxiede la terreou uni-verse à miDéterre l’invisibleserrer les mailles de la nappeou du mouchoirchercher avec l’aiguillela toucheson doigt d’arbrestenir le pas avec les motsAu diamant manquele Dau dire homme de l’eaufleuve pris par deux détoursdes amants passésou chant contre-chantou feuilles voyagentse retrouvent r-emplacéessous signent sous cyprèsles choses jouéesles salamandres naissent du viderêvéles jujubiersles jardins japonaisles joies de naissancesles peines de mortsles jumeauxjacinthe au lieu de moiou rosierfiguierils n’ont pas poussé de ta mortni de la terre d’adieulanterne chemineEt, que reste-t-il ?deux jambes plantéesjournées fœtalesbrillesoleil noirun collier de perles éjecté d’une gorge en chantuna semana santaau bord d’avrilatome matinalces trente annéesauraient morcelé la coin-cin-danced’un ange passélà où il y avait cendremouflet faute de nuitsurvis à ta mortà l’envoites poumons noircisces déshéritésEnchaîne tes lostnessque la neige litenveloppe sans timbreet la main n’écritl’impardonnablegraine en écorceà semer où la terre ne manque pasPar quelle courbe glacéeS’est outrepassé l’effondrementde deux fleuvesdu feula route de la cendremémoireCouvre une date d’une belle fourruredes capsules de faitsdes gestes marinsde lianes en motsdes racines qui déplorent l’envolune bullepalingenesiaceigne, saigne, signe,cygnes murmurent l’eaude l’anacolutheune maison surmontele dosérigée, allongée, courbéeoù j’habitel’écrinse répand cette bouledes rayonset ton regard fumévalserasur l’ici-bas, par-dessus le toujours***Siamois en cireen boisen madrugadaen roséen mer de joieou ce désert béaten laineenune fois pour toutesperlentles dentsassoiffées.